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« La famille est le chemin de l’Eglise »

 

Le Synode se déroule en plusieurs étapes, quelle est votre analyse de ce déploiement dans le temps ?

Mgr Brunin : Le pape François a convoqué un Synode sur la famille. Il se déroulera en deux assemblées, l’une en octobre 2014 et la seconde dans une année. C’est une démarche inhabituelle. Cela révèle l’importance que le pape attache à la question des familles, dans la perspective de l’évangélisation. Il a souhaité que l’Eglise prenne le temps de l’écoute attentive et bienveillante, le temps de la prière et de la réflexion pour adresser à toutes les familles un message fort qui les mobilise et les encourage. La démarche s’est engagée par une large consultation. Celle-ci a été accueillie avec enthousiasme et a suscité un réel intérêt et des attentes fortes. Elle a permis de ressaisir les réalités diverses touchant aux familles. L’Instrumentum laboris a cherché à réaliser une synthèse des situations, des questionnements et des difficultés relatives à la vie familiale. Il faut donc du temps pour accueillir la diversité et la complexité des expériences à l’échelle de l’Eglise Universelle. Il faut aussi du temps pour accueillir les questions qui se posent aujourd’hui et chercher à les traiter avec rigueur, à la fois dans le respect de la tradition de l’Eglise et des réalités vécues par les familles. Le temps est nécessaire pour bâtir une démarche dans l’écoute et le dialogue.

 

Quels sont les défis principaux auxquels sont aujourd’hui confrontées les familles?

Mgr Brunin : Les défis sont nombreux pour la vie de famille. Ce qui frappe en premier lieu, ce sont les difficultés socio-économiques (emploi, logement, rythmes de vie …). Mais nous ne pouvons sous-estimer les évolutions culturelles de notre société qui transforment des mentalités et rendent difficile l’expérience de la stabilité familiale. D’autant que les évolutions qui fragilisent les familles voient parfois leur influence renforcée par des mesures législatives. Il faut encore reconnaître que la réussite de l’expérience familiale, à laquelle une grande majorité de nos contemporains aspirent, réclame un fort investissement personnel de la part de ses membres : la fidélité vécue comme don de soi, la responsabilité parentale, le consentement à s’inscrire dans une lignée généalogique, l’intergénérationnel où on prend soin les uns des autres, la résilience après un accident dans un parcours de vie …. Tout cela génère des situations où rien n’est jamais joué.

La diversité et la complexité des familles restent un défi pour l’Eglise. Toutes ont le droit à recevoir le témoignage de la part des couples et des parents chrétiens, que la famille est une Bonne Nouvelle, que la réussite de la vie familiale n’est pas un idéal inaccessible mais une vocation qui attend une réponse dans la diversité des situations. En ces temps où tant de familles sont fragilisées, à l’invitation du pape François, l’Eglise veut se mobiliser pour les accompagner dans la réalisation de leur vocation humaine, sociale et chrétienne.

 

Que pouvons-nous espérer du Synode ?

Mgr Brunin : Face à la complexité des expériences familiales, l’Eglise ne peut ni se crisper ni se laisser paralyser. Ce ne serait pas une attitude digne de l’Evangile. Il y aura des débats entre des approches différentes. Ils ont déjà commencé à s’exprimer, et c’est légitime. Mais ne jouons pas le Synode avant le Synode ! Mettons à profit le temps que le Saint-Père a souhaité relativement long pour la prière, l’approfondissement théologique et pastoral des questions soulevées, dociles à l’action de l’Esprit-Saint. N’oublions surtout pas qu’Il sera à l’œuvre tout au long du travail du Synode et qu’il éclairera le discernement de tous. Cette conviction de foi rend erronée toute lecture qui réduirait la démarche engagée à un processus de rapports de forces ou de jeux d’influences.

L’Eglise est appelée à prendre la route des familles, témoignant auprès de chacune d’entre elles de la confiance que Dieu lui accorde pour avancer sur le chemin de sa vocation. Jean-Paul II affirmait le 2 février 1994, que « la famille est le chemin de l’Eglise ». Le Synode qui va s’ouvrir permettra à l’Eglise catholique de s’engager plus avant sur ce chemin, de façon plus réaliste, assurée dans la fidélité au message que le Christ lui confie pour le monde, et dans une attitude pleine de la Miséricorde de Dieu. Mesurant l’enjeu de la démarche synodale pour l’avenir des familles et pour l’évangélisation, nous sommes invités à l’accompagner de notre prière et à la confier à la sollicitude du Père de la grande famille humaine.

Synode des évêques sur la famille

 

Le Pape François a convoqué la troisième Assemblée générale extraordinaire du Synode des évêques. Celui-ci aura lieu du 5 au 19 octobre 2014 sur le thème : « Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation ».

Certains catholiques en attendent de grands changements ? Quelle est votre analyse ?

Voilà soixante ans que l’on entend qu’il faut que l’Église change son enseignement. Mais réécrit-on les Évangiles, la Bible ? Non, on les approfondit. Aussi ne doit-on pas réécrire le livre de la Genèse. Au fond, nous sommes, sur ces sujets familiaux, trop soumis à nos impressions qui restent partielles, momentanées, ou à nos héritages culturels qui, bien souvent, peinent à cerner le don de Dieu et Son plan originel. Mais il y a tout lieu de nous montrer pleins d’espérance. L’Église vient de canoniser Jean-Paul II dont l’œuvre maîtresse a précisément été une catéchèse sur la sexualité et l’amour conjugal. Jean-Paul II a recherché, avec soin et exigence, dans la Bible tout ce qui matérialise en quoi la relation homme/femme et sa corporéité situent l’Homme au sommet de la Création et comme image du Dieu Trinitaire.

Cette doctrine est extrêmement précise, elle répond aux aspirations et aux questions des hommes et femmes de ce temps. Mais elle reste encore très peu connue et très peu enseignée, y compris par la majorité des chrétiens, y compris parmi nos adhérents malgré les efforts faits en ce sens. Nous avons des convictions ; il nous reste cependant à leur donner de l’épaisseur et à les habiter de l’intérieur. Nos vies doivent en être suffisamment transformées pour qu’elles soient un témoignage explicite des sources de notre joie et de notre bonheur, dans la conscience de nos faiblesses. Mais attention : prendre cette voie demande un effort. Face au péché, nous sommes tous à égalité. Il mène, comme aujourd’hui, vers la voie de la facilité, celle ambiguë, de la Nature. Ainsi, pour les uns, la nature réduit la personne à de simples pulsions et, pour d’autres, elle cantonne l’amour sponsal, celui du don de soi, à la seule transmission de la vie ! Deux approches qui manifestent des erreurs de réalisme.

 

Qu’attendez-vous alors de ce synode ?

Pour moi, il devrait être avant tout pastoral plutôt que doctrinal. L’Église -le peuple de Dieu – doit apprendre à accompagner toute personne sur son chemin propre. Le travail des éducateurs, des confesseurs, des laïcs sera justement d’être relais pastoral. Le synode va permettre d’approfondir la doctrine, de la densifier ; il sera surtout, ainsi que le montre le document de travail, une chance de proposer des clefs extrêmement pratiques, aux chrétiens comme aux non-chrétiens, pour vivre concrètement cet enseignement, pour expérimenter ses fruits. Dans ce domaine, il s’agit d’aller encore plus loin que ce que fait l’Église aujourd’hui. Contrairement aux idées reçues, son enseignement n’a jamais consisté à formuler des interdits mais toujours donner du sens. Désormais, elle cherchera, en plus, à exprimer la plus-value incarnée de son enseignement pour la personne et pour la société, et à suggérer les voies concrètes de son appropriation par chacun. Pour nous, il est évident que ce n’est qu’un début. Ce sera le défi de notre génération.

Le synode sur la famille est un défi pastoral

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du Synode

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Messe d'ouverture

du Synode.

Dimanche 5 octobre

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